Imai Sae hee | Be yourself

Un masque. Un masque que tout le monde porte pour forcément cacher leur imperfection. Un masque, un sourire que tu affiches sans cesse pour avoir une bonne parure. Une arme, une défense contre la vie qui s’acharne sur sa personne. Un masque qu’on porte lorsque tout va mal ou bien tout simplement cacher notre ennui. Ma mère portait ce masque. Une aventure, une nuit de tendresse qui lui a fallu pour tomber enceinte et de ne plus revoir cet homme qui semblait si parfait à ses yeux. Ce n’était qu’un souvenir, puis une responsabilité. Porter un enfant quand elle est sans argent c’est quelque peu compliqué, l’endettement s’annonçait. Se maudissant de ne pas être aussi jolie pour être mannequin. Pas assez talentueuse pour avoir un métier réputé. Une femme sans histoire, ordinaire, banale qui n’a vécu avec son grand-père et travailler en tant que cuisinière dans le restaurant familial pour gagner sa vie. Une misérable vie qui a fini par tout chambouler en faisant naître une petite fille. Une naissance volontaire ou pas ? Décidément, son opinion était partagée entre le fait de garder cet enfant ou pas du tout. Finalement le bon sens a pris rapidement le dessus et l’a éduqué malgré elle aussi bien qu’elle aurait voulu. Elle aurait voulu également tout donner à cette fillette, une belle vie confortable, malheureusement le destin a décidé autrement.

Dès le plus jeune âge, j’ai appris rapidement à travailler. Nettoyer, faire la cuisine. Rapidement, j’ai aidé le restaurant familiale. Je n’ai pas vraiment vécu une enfance bien normale même si on insistait à jouer avec les autres gamins de l’école, à aller dans les clubs et vivre ma vie convenablement. J’ai su trop jeune à prendre des responsabilités qui ne m’étaient pas destinées. À avoir un peu d’argent de poche pour aider ma famille à vivre et avoir de la nourriture sur la table. Très vite, on riait de moi en m’intimidant vu que j’étais la joufflue de la classe. Je n’étais pas très mince, mais bien rondelette. J’avais un excès de poids et pourtant je ne mangeais pas tout à fait à ma faim (en fait on ne mangeait pas tellement sainement à cette époque), préférant que mes aïeuls se nourrissent avant de prendre une bouchée. Dès la fin des classes, on me poussait sur le sol, on déchirait mon uniforme déjà rapiécé. Une vraie exclue, un déchet de l’humanité comme ils préféraient me répéter. Qu’est-ce que je pourrais bien faire dans ces moments-là ? Me faire répéter des insultes sans cesse que j’ai appris à les accepter et m’en être convaincue. Commençant à me sentir comme telle, me trouvant aucunement talentueuse dans quoique ce soit. Lors d’une nuit pluvieuse que je n’étais pas capable de dormir, j’ai vogué dans les rues de Séoul. Je savais à l’époque que c’était très dangereux et par chance, rien ne m’arrivait. C’était cette nuit-là alors que les étoiles s’effaçaient de plus en plus dans le ciel à cause de la pollution lumineuse des buildings que ma passion se révélait sous mes yeux. Une musique qui retentit dans une bâtisse un peu délabrée. Par curiosité et hésitante, j’entrais sans faire de bruit. C’est alors que je voyais des jeunes adolescents se défouler devant l’attroupement. Danser comme si leur vie en dépendait. Une personne m’a vu, on m’a fait des reproches avant qu’elle se résigne et me montre ce que s’était une danse de rue. Fascinant, vivifiant. Quelque chose qui allait me permettre de m’exprimer. La danse était mon but dans la vie. Tandis que l’école était complexe, j’ai réussi à m’immiscer une place dans le club dès le collège. Comment épuisée une enfant alors qu’elle travaille dans un restaurant tout en faisant ses études et activité de club ? Je ne sais pas comment que j’ai fait pour ne pas avoir craqué.

Adolescente, dès le début du lycée. J’étais beaucoup plus mince depuis les quelques années qui me restaient lorsque j’étais au collège. Je me sentais bien, en forme, mais surtout mes talents culinaires ne cessaient d’augmenter puisque ma mère m’enseignait ses recettes. Je continuais de travailler tout en dansant dans les clubs. Cependant, il a fallu un soir. Il a fallu que je reste plus tard à cause de la troupe de danse. Je n’aurais jamais cru qu’en prenant le métro aussi tard le soir, avec les embouteillages des heures de pointes, que j’aurais vu une telle se produire. Lorsque j'arrivais chez moi, le restaurant ainsi que chez moi était en proie des flammes. La chaleur suffocante qui me cuisait la peau, la lumière du feu intense qui se nourrissait de bois et... de propane m’aveuglait jusqu’à temps qu’un bruit assourdissant me fasse projeter quelques mètres plus loin. Les oreilles en sang, quelques égratignures ici et là, un bourdonnement m’empêche de bien entendre. Les larmes ne coulaient pas de mes yeux, je restais littéralement sous le choc. Je voyais bien des pompiers qui couraient pour tenter d’arrêter ce chaos sous mes yeux. Des infirmiers qui prenaient les blessés en charge tout comme moi. Le cillement de mes tympans cessait de plus en plus tandis qu’on mentionnait le fait qu’il avait des personnes qui vivaient dans cet établissement et que pour eux... c’était trop tard. Morts. Devenu cendre. Je me retrouvais ainsi seule, montrant pour la première fois mon masque qui cachait ma douleur d’avoir perdu des êtres chers puisque trop fière pour montrer la faiblesse à quiconque. Je n’ai jamais voulu paraître faible et pourtant j’avais envie de l’être. Un homme vêtu de noir venait me voir peu de temps après cet incident. M’expliquant que c’était un incendie criminel, mais aussi que j’avais de la famille située au Japon. Un père, un homme d’affaire. Que j’avais besoin de quelqu’un pour s’occuper de moi le temps que j’atteigne ma majorité. Un homme qui ne savait réellement mon existence et il avait un fils un peu plus vieux que moi, que nous avions six ans d’écarts.

L’arrivée au Japon, c’était délicat. Je ne parlais pas japonais et il fallait l’apprendre à une vitesse grand V. Père n’avait pas beaucoup de patience à mon égard. M’insultant pour tout et pour rien, la cause ? Étant mes origines coréennes. Changeant mon nom de famille ainsi que mon prénom pour une certaine Imai Eri, m’inscrivant à une école privée aux études plus poussées car monsieur voulait voir sa fille avec une carrière réussit et non comme une vulgaire cuisinière comme sa mère. La présentation de mon frère - qui lui avait déjà quitté la maison familiale pour faire sa vie – a été très bizarre. On se regardait de manière stoïque. Fixant l’autre ne sachant pas quoi faire. C’était malaisant comme première impression et davantage dans notre relation. Malgré mes cours du soir, malgré la scolarité durant les cours, j’ai eu quelques temps pour continuer ma danse et ce n’était pas du tout repos. Comprenant de plus en plus la langue, communicant un peu plus facilement, quelque chose ne tournait pas rond. Oui, une nuit alors que je rentrais de mes activités au club, une boite se retrouvait devant chez mon père. Mon prénom était sur un papier. Je fronçais les sourcils avant de le prendre et de l’amener dans ma chambre. Rangeant également mes papiers et mes livres pour ouvrir la boite. Des informations sur ma vie, mes pensées, tout, cela qui me perturbaient. Je ne savais pas comment réagir à cette époque et lorsque la télékinésie arrivait dans ma vie. Ma vie a pris un autre chemin.


À l’université, loin de la maison familiale, dans un petit appartement. J’ai pris la voie de l’enseignement ainsi qu’un petit cours à côté concernant l’informatique qui me semblait intéressant soudainement avec plusieurs travail à mi-temps pour m’aider à payer le loyer et surtout mes dettes envers mes études. J’ai rencontré un homme. Cela a été long avant qu’il puisse m’approcher et ainsi se parler calmement avant que je prenne mes jambes à mon coup puisqu’auparavant je n’avais plus ou moins le temps pour avoir un petit ami. Il m’a accosté longuement et cela a pris du temps avant que je puisse lui tenir la main. Des lèvres qui se touchaient, la peau qui frissonnait sous les caresses. Un professeur de l’université sur qui j’avais plus ou moins confiance en lui. Un homme que je ne croyais pas avoir peur et aimer entre temps. Une relation qui empoisonne l’existence. On dirait qu’avec lui, j’ai appris à aimer quelqu’un, mais aussi à le craindre. Tout ce que je pourrais lui montrer c’est un masque et un sourire de façade alors que dans le fond j’étais terrifiée. Ses gestes étaient brutaux, violents, sans amour, sans tendresse alors qu’on peut facilement aller durement et être passionnel. Ce n’était pas le cas pour lui. Je ne savais pas comment interpréter tout cela, mais ce mal être ne cessait de s’agrandir en moi. Finissant mes études, secrètement je piratais le portable de mon petit ami, d’une facilité surprenante, découvrant que dans le fond... ce n’était que façade, ce n’était que par pur sexe, voulant même me vendre, mais ce dernier point n’arrivera pas. Au grand jamais, non.  


Professeur de danse étant mon but finalement. Deux passions que j’aimais bien en particulier. Sauf que l’histoire avec mon petit ami – depuis trois années désormais - se transformait à un cauchemar chaque sortie qu’on faisait au grand public. Le dernier soir était lors d’un match de boxe où qu’il invitait un ami à lui. Discutant de tout et de rien pendant que mon regard croisait le grand vainqueur de ce combat. Un homme si séduisant, charmant, un coup de foudre littéralement. Le champion ; Ackles Takuya. Son prénom était sur mes lèvres et lorsque nos yeux se croisaient officiellement, je rougissais tout bonnement. C’était une fin de relation amoureuse pour moi, mais un début également pour l’autre. Abandonnant le professeur d’université avec joie et pas sans peine pour davantage côtoyer Takuya. Un choix qui m’était propre et qui m’a permis de laisser tomber mes masques que j’ai eu avec le temps. Il détenait et détient ce don qui me fait perdre les moyens et qui me libère de tout sentiment lourd qui me pèse depuis des années. Me rendant amoureuse de lui à chaque sourire qu’il pouvait me faire, peu à peu, tombant dans ses bras, il m’a conquis. Sa personnalité si bonne, sa générosité et aussi sa prestance me donnait et me donne toujours aussi confiance. Avec le précédent, j’avais du mal à me projeter dans le futur, mais pas lui. Kuya ; est le seul homme que je me vois vivre auprès de lui, vivre ses peines et de le supporter dans les moments difficiles. Je ferai tout pour lui, je donnerai ma vie pour lui.