Histoire
8 mars 1919 ; 3:17 :Les premiers cris s’élèvent accompagnés du soupir soulagé de la nouvelle mère. Ça y est, cet accouchement de malheur a enfin pris fin. La jeune mère ferme les yeux, essayant de reprendre son souffle en attendant que l’enfant lui soit posé sur la poitrine pour le premier contact peau contre peau. Elle rouvre les yeux et tombe dans ceux de son fils qui la regarde silencieusement. De beaux yeux noirs presque insondables, une obscurité totale dans laquelle on pourrait se perdre soi-même par cette profondeur de ténèbres.
- Hotaru… Tu t’appelles Hotaru.La jeune mère tourne la tête vers son époux qui hoche la tête d’approbation. Hotaru, premier fils de la famille Nasu, est né dans la ville de Himeji.
1919 – 1939 :Hotaru grandit dans la grand onsen de la famille Nasu, en banlieue de la ville d’Himeji, dans une famille établie de la ville. Il s’avère rapidement être un enfant lumineux, apprécié de son voisinage et des clients de l’établissement. Un enfant serviable et bien élevé déjà préparé à prendre la suite de ses parents quand il sera grand. Il en rêve lui-même.
Au fur et à mesure des années, sa maison se remplit de deux petites paires de couettes. Ses deux petites sœurs, nouvelles mascottes de l’onsen et prunelles de leur frère. Ensemble, ils arpentaient leur quartier, rendant visite aux voisins toujours heureux de les accueillir, jouant à s’imaginer milles mondes.
Mais en rentrant de l’école, il passait devant cette maison, de l’autre côté de la rue. La porte était toujours ouverte sur cet océan de couleurs et cette odeur d’encre. Chaque jour, il s’arrêtait plus longtemps pour essayer de mieux voir. Il était comme attiré par cet univers qui s’offrait à lui.
Puis, un jour, une vieille femme passa sa tête par la porte en affichant ce grand sourire dont elle avait le secret. Le jour suivant, elle invita Hotaru à entrer dans sa maison. C’est ce jour qu’il découvrit l’art et qu’il en tomba amoureux.
Il avait 9 ans alors.
Tous les jours, après l’école, après avoir convenu avec ses parents, il restera 2 heures avec la vieille femme qui ne sortait pas à cause de son corps fatigué par les années. Il rangeait sa maison, lavait le linge, aidait aux travaux de force. En échange, elle lui apprenait les lignes et les courbes, les mélanges de couleur, les différents types de pinceaux. C’est ainsi qu’il apprit à peindre, puis montrant une surprenante délicatesse, la vieille femme décida de lui enseigner la calligraphie également. Qui aurait cru que ces yeux d’une noirceur brûlante renfermeraient une âme si lumineuse et douce ?
Ce quotidien doux et sucré, c’était le bonheur de Hotaru et il pensait bien continuer ainsi. Cependant, en 1939, il atteint sa majorité. La même année, une guerre se lançait en Europe dont les échos arrivaient jusqu’ici. Le Japon, quant à lui, était mené par une politique de conquête. Le pays appelait ses hommes au combat et le fils Nasu ne pouvait pas y échapper. Il devait aller combattre pour son pays, pour sa prospérité.
Il rejoignit donc la capitale pour la première fois. Pour la première fois, il quittait sa ville natale pour l’inconnu. Il quittait son cocon familial pour la violence de la guerre.
1939 – 1945 :Après quelques semaines à peine de formation, il commence son service dans la division avec qui il partagera désormais son quotidien. Durant ces 6 années, il sera en place exclusivement en Asie : D’abord en Indochine, puis en Thaïlande, les Philippines aussi. Il aura servi son pays comme beaucoup d’autres. Il aura fait des victimes et des morts, vu ses camarades tomber au combat, il aura été aveuglé et assourdi par les armes à feu. Tout ça pour la gloire de l’archipel nippone.
En 1945, après la défaite des alliés et donc du Japon, il rentre enfin. Mais le Hotaru qui descend de cet avion militaire n’est pas celui qui a embarqué il y a 6 ans. Le jeune homme lumineux et jovial a laissé place à un homme endurci, réaliste et endeuillé de ses camarades, des personnes qui ont été sa famille pendant ces années sur le front.
C’est cette nuit-là que c’est arrivé, que tout a changé, le soir de son retour au pays… Il buvait un dernier verre avec ses camarades, en l’honneur de leurs frères oubliés. Il était tard, peut-être trois heures ou quatre. La nuit était aussi sombre que son regard. Il marchait pour rentrer dormir avant de récupérer son train le lendemain en direction de Himeji. Puis, il a tourné à un carrefour… C’est là qu’il l’a vu.
Si vous l’aviez vu, il était magnifique, fascinant,
mystique. Des perles rougeâtres glissaient sur sa bouche jusqu’à sa gorge. Ses yeux étaient dilatés par l’obscurité et le plaisir du repas. A ses pieds, un corps inerte gisait. Il n’eut pas le temps de regarder plus qu’une douleur vive lui prit le cou.
Quand il se réveilla, l’obscurité l’entourait. De la terre, c’était de la terre. Il n’y avait que ça. Quelqu’un l’avait enterré vivant. Il voulu hurler, mais sa gorge était trop sèche pour pouvoir exprimer un seul son. Il avait soif. Il réussit à sortir de là à la force de ses mains. Une fois à la surface, il observa les alentours à la recherche d’une raison, d’une explication.
Il le vit, il était là, cet être fascinant qu’il avait vu plus tôt. Sans parler, il comprit qu’il devait le suivre. Il le suivit plus d’une trentaine de minutes jusqu’à tomber sur une jeune femme. Elle était si jolie avec une peau d’une pâleur qui arrivait à refléter la lumière de la lune… Elle fut succulente. Car oui, elle fut le premier repas de Hotaru, celui qui acheva sa transformation, marqua son entrée dans le gang Tsunashi-kaï et son allégeance éternelle à son chef et créateur.
1945-1982 :C’est aux côtés de son chef qu’il grandit. Après en avoir convenu avec son créateur, il a changé de nom pour Kinoshita. Les images de sa famille, à Himeji, de ses petites sœurs souriantes, de son vieux père grincheux et de sa douce mère lui revenaient sans cesse. Celle de la vieille dame qui lui avait tant appris aussi. Pour leur bien, il devait les garder éloignés de lui le plus possible.
C’est à la fin des années 50 qu’il découvre la psychologie clinique et son fonctionnement. Il y voit tout de suite le potentiel pour le gang et se lance dans des études de psychologie. Hotaru a toujours été intelligent et débrouillard dans ses études. C’est donc sans problèmes qu’il reçoit son titre haut la main et obtient une place en hôpital. Son trafic était lancé et s’établissait. Il donnait bien des consultations, travaillait au traitement de ses patients comme tout psychologue… Mais pas toujours. Il choisissait parmi eux les cas de personnes isolées et fragiles et en faisait une marchandise de premier choix pour son réseau.
On peut dire qu’il s’était fait une place de choix dans le réseau. Son travail ainsi que son rôle lui donnaient une indépendance notable, lui laissant la liberté et la paix de ne pas croiser son patron quotidiennement qui l’effrayait par sa force et son aura. Il était presque heureux… Mais une existence de vampire, c’est long et solitaire.
C’est en 1980 qu’il le rencontre. Est-ce que vous croyez au coup de foudre ? Parce que si non, il va pouvoir vous prouver le contraire. Il était si beau dans ce grand manteau noir, la tête dans son livre. Et son sourire quand leurs regards se sont croisés. C’était la première fois que ça arrivait à Hotaru, la première fois qu’il sentait cette chaleur au fond de son ventre. Sans s’en rendre compte, il lui avait proposé un café, puis un restaurant, puis il l’avait embrassé. Leur histoire était tendre et apportait à Hotaru cet amour dont il manquait tant.
Malheureusement, c’était un sorcier du Matsuren. Cette position faisait d’eux des personnes de gangs ennemis, d’autant plus que sorciers et vampires n’étaient pas en très bons termes. Malgré, ils restèrent ensembles pendant 2 longues années, chérissant chaque jour passés ensemble. Hotaru l’aimait d’un amour fou, d’un amour si fort que seul un vampire pouvait ressentir de telles émotions. Il aurait fait n’importe quoi pour lui.
Une nuit, alors qu’ils étaient dans les bras l’un de l’autre, Hotaru lui souffla ce nom, celui qu’il gardait pour lui et que seul son Créateur connaissait, celui qui assurait la sureté de sa famille et de sa descendance à venir. Il lui avait dit, car il l’aimait et lui faisait entièrement confiance. S’il avait su…
C’est aux côtés de son chef qu’il grandit. Après en avoir convenu avec son créateur, il a changé de nom pour Kinoshita. Les images de sa famille, à Himeji, de ses petites sœurs souriantes, de son vieux père grincheux et de sa douce mère lui revenaient sans cesse. Celle de la vieille dame qui lui avait tant appris aussi. Pour leur bien, il devait les garder éloignés de lui le plus possible.
C’est à la fin des années 50 qu’il découvre la psychologie clinique et son fonctionnement. Il y voit tout de suite le potentiel pour le gang et se lance dans des études de psychologie. Hotaru a toujours été intelligent et débrouillard dans ses études. C’est donc sans problèmes qu’il reçoit son titre haut la main et obtient une place en hôpital. Son trafic était lancé et s’établissait. Il donnait bien des consultations, travaillait au traitement de ses patients comme tout psychologue… Mais pas toujours. Il choisissait parmi eux les cas de personnes isolées et fragiles et en faisait une marchandise de premier choix pour son réseau.
On peut dire qu’il s’était fait une place de choix dans le réseau. Son travail ainsi que son rôle lui donnaient une indépendance notable, lui laissant la liberté et la paix de ne pas croiser son patron quotidiennement qui l’effrayait par sa force et son aura. Il était presque heureux… Mais une existence de vampire, c’est long et solitaire.
C’est en 1980 qu’il le rencontre. Est-ce que vous croyez au coup de foudre ? Parce que si non, il va pouvoir vous prouver le contraire. Il était si beau dans ce grand manteau noir, la tête dans son livre. Et son sourire quand leurs regards se sont croisés. C’était la première fois que ça arrivait à Hotaru, la première fois qu’il sentait cette chaleur au fond de son ventre. Sans s’en rendre compte, il lui avait proposé un café, puis un restaurant, puis il l’avait embrassé. Leur histoire était tendre et apportait à Hotaru cet amour dont il manquait tant.
Malheureusement, c’était un sorcier du Matsuren. Cette position faisait d’eux des personnes de gangs ennemis, d’autant plus que sorciers et vampires n’étaient pas en très bons termes. Malgré, ils restèrent ensembles pendant 2 longues années, chérissant chaque jour passés ensemble. Hotaru l’aimait d’un amour fou, d’un amour si fort que seul un vampire pouvait ressentir de telles émotions. Il aurait fait n’importe quoi pour lui.
Une nuit, alors qu’ils étaient dans les bras l’un de l’autre, Hotaru lui souffla ce nom, celui qu’il gardait pour lui et que seul son Créateur connaissait, celui qui assurait la sureté de sa famille et de sa descendance à venir. Il lui avait dit, car il l’aimait et lui faisait entièrement confiance. S’il avait su…
Tout ce dont il se rappelle, c’est l’onsen habillée de couleurs vermeilles et l’odeur acre de la fumée. Il avait beau avoir fait au plus vite en comprenant les attentions de la personne qui avait partagé sa vie, il était arrivé trop tard. Il restait ainsi, impassible, regardant la maison d’enfance aimé de ce petit garçon lumineux partir en fumée. Puis… Un cri, des sanglots désespérés. Sans trop penser, il fonce à l’intérieur, guidé par ces appels de désespoir. C’est dans la cuisine familiale qu’il la voit, sa petite sœur, vieillit par les années, mais c’est bien elle, la propriétaire actuelle de l’onsen Nasu.
Leurs regards se croisent juste une fraction de secondes, elle sourit, à peine étonné de voir son grand frère disparu ici, avec elle, aussi jeune qu’à ses 26 ans. Elle ouvre les bras, découvrant un bébé pleurant en sanglots.
- Sauve-le grand frère, sauve mon petit fils.
Ses doigts sont tremblants, encore accrochés au linge du petit qui ne semble même pas avoir un an. La femme semble si affaiblie et blessée, mais aussi forte et déterminée à laisser vivre ce petit être.
Ce soir-là, au milieu de ces flammes, il essayera de les sauver tous les deux. Malheureusement, la vieille sœur étouffée par les flammes et brûlée ne survivra pas à l’incident.
Il plaça le petit dans un orphelinat de la capitale le lendemain dans le plus grand secret avant de retourner à son appartement. Durant ces événements, il resta dans un état second qui l’empêchait de réaliser ce qui lui arrivait. Ce fut à son retour à l’appartement qu’il réalisa enfin en voyant les placards vidés et la froideur de l’endroit. C’est là que sa descente aux enfers commença.
1982 – 2020 :Les premières années furent les pires. Le chagrin et la rage lui fit frôler la folie à de multiples occasions, amenant le gang à douter de sa fiabilité. Chaque jour, l’image de ce traître le hantait. Il repensait aux derniers de sa pauvre sœur qui n’avait rien à voir avec ça. Rien ne le consolait.
Cette dépression dura vingt ans. Vingt ans à se morfondre dans l’obscurité de cet appartement autrefois partagé avec son aimé. Jusqu’à ce qu’on lui fasse comprendre qu’il devait se réveiller.
Petit à petit, il reprit son quotidien, trouva un nouveau poste de psychologue, déménagea et essaya de laisser ces souvenirs douloureux dans un coin de son esprit.
Malheureusement, Hotaru était devenait un être blessé qui refusait de donner sa confiance aux personnes extérieures à son clan. Il ne pouvait plus se permettre une telle erreur. Il ne la referait plus.