Ogasawara Kaname ✶ Crâne qui roule et tourneboule ...

C'est une soirée de décembre, l'air et froid et les pas étouffés d'un garçonnet dévisagent la blanche surface sur laquelle il passait son ennui. Ce jour là, aurait du être le sien, mais on ne l'avait pas fêté comme il se devait en ce jour de 18 décembre 1646. Il faut dire que du haut de ses 5 ans, cet être avait déjà les idées bien arrêtées et le caractère.... bien trempé. Voilà pourquoi il gardait les joues gonflées et les sourcils froncés, tout dévoué à sa bouderie enfantine. Sa mère qui était grosse depuis un moment n'avait fait que se plaindre dans la journée et  pousser des gémissements dignes d'une chienne errante. Pourquoi les femmes portant la vie perdaient toute dignité face à un peu de souffrance ? Et après l'on osait le réprimander lorsqu'une vile larme s'échappait du rebord de ses prunelles après une chute un peu trop rude. Harpie.....

Mais ce n'était rien en comparaison des cris d'agonie qu'elle poussait depuis bientôt trois heures. Trois longues heures où on ne pouvait plus s'entendre penser .... Enfant peu intéressé par  les choses du sommeil, il en aurait tout le temps où il pousserait son dernier soupir, il préférait consacrer ses soirées aux études magiques. Mais, c'était sans compter avec l'autre grognasse qui avait brisé la quiétude de la maisonnée en n'ayant pas la décence de mettre bas avec dignité... Las, il était sorti de ses appartements pour se dégourdir les jambes, mais aussi avec le fol espoir de ne plus entendre les râles maternels. Peine perdue, c'était même pire.

Intrigué, il s'était finalement laissé guider par ses pas jusqu'aux lieux du crime. Son père, enfin leur père bientôt, faisait les cent pas devant le cachot de torture. L'air sombre et la mine grave, sans doute était il en train d'implorer les kami pour qu'on lui accorde un fils. Il faut dire que les femelles ne sont pas de bien grande utilité à part être bonnes à marier, se faire engrosser et si elles ne sont pas trop sottes faire prospérer les affaires de leur époux. Il devait bien le reconnaître, celle qui avait embrassé il y a 6 années maintenant le nom Ogasawara savait y faire avec le commerce de la soie. C'était bien la le seul compliment qu'était en capacité de faire l'enfant.

Les prières du paternel semblèrent par finir par se faire entendre des instances célestes un cri, de nourrisson cette fois-ci, déchira la nuit. Toutefois, le cirque ne semblait pas être terminé, la chienne se mettant à grogner à nouveau. Les sourcils du garçonnet se haussèrent et ses yeux roulèrent, quoi encore ? Et bien... Il fallait croire que les kamis avaient décidé d'être généreux en cette froide soirée, la famille jouissant pas d'un, mais de deux nouveaux héritiers. Quelle plaie, pensa celui qui s'était fait voler SON jour de naissance . Blasé, il avait regagné ses appartements, il verrait bien les deux nouvelles engeances à son réveil le lendemain matin. De plus, ses paupières commençaient à cruellement lui rappeler sa jeune condition...

Habillé et le ventre pas tout à fait plein, comme tout bon Japonais qui se respecte, le garnement avait rejoint la pouponnière pour observer ceux que l'on appelait ses « petits frères ». Katsumi et Tatsuya, au moins l'on avait eu la décence de leur donner un nom correct.  Une perte de temps à son avis, enfin, on ne lui avait pas demandé avant de lui imposer deux nouvelles têtes sous le toit familiale alors... L'air inquisiteur et approchant à pas de loup, il constate avec stupeur qu'ils ne sont pas aussi laids que les autres goules que l'on osait appeler nouveau-nés. Pire encore ! Il semblait bien qu'il les aimait...  

Jusqu'alors, le garçon n'avait jamais expérimenté tel tiraillement au sein de ses entrailles. Des papillons semblaient remonter le long de son estomac et son cœur rugissait entre ses côtes. Une expérimentation effrayante pour le sorcier en devenir qui s'était enfui de la chambre. Néanmoins, il y fut attiré à nouveau par le manque de cette même sensation, effrayante, mais ô combien grisante. Penché au dessus des berceaux, il discerne alors les prunelles des jumeaux en tout points parfaits. Des prunelles bleues comme leur aîné qui elles aussi scrutaient cet étranger qui les inspectait. Oui, Kaname était bel et bien devenu un grand frère dans tous les sens du terme....



Ce jour là, il allait s'en souvenir bien des années, des siècles même, après. Un peu comme tous les sorciers lui dira-ton. Car oui, bercé par les louanges parentales, le changeant peu à peu en tyran du haut de ses 9 ans il en avait acquit la certitude, il ferait parti des élus ramené par les lieurs. Il était peut-être encore un peu trop tôt pour être intronisé à la magie qu'on lui disait aussi, mais pourquoi ? Il y a tant de choses à apprendre et à exercer, comment pouvait-on rester placidement à côté du pouvoir alors qu'il nous tendait d'un manière aussi séduisante les bras ? Il se sentait plus prêt que jamais et allait passer ce pacte sans la bénédiction parentale.

Profitant d'une énième soirée où ses frères gambadaient sous les yeux attendris des niais qui leur servaient de géniteurs, enfin pour le second.... Mais là n'était pas la question. Il s'était glissé hors de ses appartements pour plus de discrétion et n'avait fait qu'un avec la nuit. Sous son épaisse cape sombre, il dissimulait avec son effronterie tout le nécessaire pour invoquer la démone, cette reine obscure qu'était Lilith. De délicieux frissons provoqué par l’excitation montante cavalaient sur son échine et son souffle court catastrophait le froid ambiant avec des volutes enflammées.

Le jeune garçon trace d'un geste sûr le pentacle inversé et sort de sa manche le tantō qui servira à lui ouvrir son avant bras. Mais avant d'offrir son sang et de se noyer dans l'ivresse de la bouteille qu'il avait dérobé en cuisine, il lui fallait prendre les choses à deux mains.... Enfin, bien qu'une suffirait. Loin d'être timoré, le garçon doit prendre plusieurs grandes inspirations avant de se lancer. Ondulant contre sa main judicieusement placée sur le sud de son anatomie, il sent cette sensation indescriptible se répandre dans son bas ventre. « Éveillé », il était fin prêt pour le lancement des hostilités....

Les flammes vacillaient avec le vent, mais tenaient bon, secrètes gardiennes de cette messe noire improvisée. La lame se fait embraser par l'éclat lunaire puis mord la tendre chair avant de s'abreuver du liquide carmin qui se met à cascader le long de la peau opalescente. La tête du jeune garçon commence à vaciller, mais toujours rien. Avait-il oublié quelque chose ? Ses incantations étaient-elles les bonnes ?  Et puis, un froid indescriptible s'empara de ses chevilles avant de rouler paresseusement sur le reste de son corps. Sa vision était trouble et ses esprits embrumés, une voix de velours résonna bien agréablement à ses oreilles et l’appela « jeune nécromancien ». Ensuite ? Ce fut le noir le plus complet....

Kaname ne reprit connaissance que le lendemain dans son lit. Alors tout n'avait été que simples songes ? Pourtant, tout lui avait paru si... Une voix courroucée s'était alors fait entendre. Ce qu'ignorait encore le jeune sorcier encore endormi à l'époque, c'est qu'il avait été sauvé de justesse de l’hypothermie par sa mère qui ne l'avait pas trouvé dans ses appartements. Ou du moins, Katsumi demandait après lui et avait réclamé son grand-frère à corps et à cris. Subissant le flot de reproches maternels puis paternels il n'avait retenu à l'époque que ce qui lui importait, il était bel et bien devenu sorcier... Et pas n'importe lequel, un nécromancien comme on lui avait susurré ....



Les hanches roulent et les gémissements sont décomplexés. La créature à la chevelure faussement teintée aile de corbeau rejette sa tête en arrière, et les longues  mèches cascadent sur les cuisses de celui sur qui il s'activait. Ce n'était pas son maître orfèvre cette fois-ci, le pauvre imbécile avait la bêtise de le prendre pour son amant. Que de naïveté pour un homme qui semblait si averti. Parait-il que le brasier de la passion engourdissait la raison de tout homme, à moins que ce ne soit à autre chose qu'elle léguait tout le sang disponible... Mais il n'était pas question ici de l'un de ses pions sur son échiquier.

Mais qui pouvait bien être la nouvelle victime de ce jeune satyre ? Kaname se penche et dévoile la réponse en soufflant un brûlant « Otô-san » à  l'oreille du paternel fautif. Une nouvelle fois souillé par cet homme ne sachant pas résister à un pas tout à faite adolescent de onze années, le sorcier jubile et triomphe une fois de plus. Oh, bien évidemment, il avait un peu résisté, la morale et ce genre d'âneries le retenant de poser ses mains sur celui qui l'allumait perpétuellement. N'allez pas croire là non plus à un Œdipe vécu sur le tard, les deux hommes ne partageant pas la moindre goûte de sang en commun en réalité.

Ce fait, il n'était pas bien difficile à déceler pour quiconque cherchait. Lui comme ses frères ne lui ressemblaient pas et leurs signatures magiques ressemblaient à s'y méprendre à celle de leur « oncle ». Oncle que leur chère mère allait souvent voir ou inversement... Taraudé par ce terrible défaut qu'est la curiosité, le jeune nécromancien s'était glissé dans les ombres jusqu'aux quartiers de la soit disant tendresse maternelle. Ah oui, ça, pour être tendre.... Les jambes bien écartées et le souffle court, elle se faisait violemment labourer par celui qui partageait son sang. Et bien, c'est qu'on ne se refusait rien.... Kaname ne pouvait toutefois que saluer le panache et l'audace de s'adonner à pareille pratique alors que le chef de la maisonnée se trouvait encore entre les murs...

L'autre bêta à ses pieds, il aidait sans le vouloir cette catin à le déshonorer. Un fait qui l'amusait bien ou alors l'importait peu. Après tout la seule chose intéressant le sorcier étant d'en apprendre encore et toujours plus sur les sombres arcanes. Ah oui, et aussi de temps à autre, de plus en plus même, se faire besogner comme il se doit par des hommes bien faits....




L'hiver est une saison qui a de nombreuses fois compté dans l'existence de Kaname, vecteur de vie, il est aussi qui a apporté la mort... Déjà trente et une saisons froides qu'il avait traversé, et il lui en restait tout autant si ce n'est plus à se perfectionner. Du mot famille, il n'en restait plus que le nom pour les Ogasawara, la mère était bien trop absorbée par  son frère, le mari pour son appelé fils, Tatsuya parti et Katsumi... restait lui-même et c'était déjà ça. Le cadre propice, même idéal pour un grandiose scandale...

L'orfèvre pressait le pas sous la neige lourde qui collait à ses chaussures pour rentrer. Las, il avait hâte de s'aérer l'esprit après une longue journée à se retenir d'étriper celui qui lui avait tout appris des ficelles de son métier. C'est que l'homme commençait à se faire vieux, et supportait de moins en moins les remarques à ce sujet de Kaname qui ne cachait même plus son rejet. Exaspéré par ses crises de jalousie possessive de plus en plus répété, peut-être serait-il plus sage de le libérer ?

C'est sur ces sombres et funestes pensées que le nécromancien avait franchi les porte de la maisonnée. Pas le temps d’amorcer un pas de plus qu'une violente senteur parfum vampire avait empli ses narines. Mais qu'est-ce qui avait bien pu se passer ici ? Et que dire de la douce et entêtante odeur de la mort qui sillonnait de ça et là ? Alerté, il fallait qu'il se presse vers l'origine de toutes ces sombres informations. Et là, il découvrit le spectacle incroyable de sa mère, ou du moins ce qu'il en restait, sauvagement assassinée. Les murs de ses appartements avaient viré couleur carmin et des bouts de chairs chutaient lamentablement sur le sol de temps à autre. Car oui, même le plafond n'avait pas été oublié.

Pour tout dire, ce macabre spectacle n'avait fait ni chaud ni froid à Kaname. Toutefois, ses sens s'étaient bien vite remis en alerte lorsqu'il put discerner l'essence très faiblement diluée de Tatusya flotter. Il n'était tout de même pas ... Non, il se refusait de le croire. Bien que ténu, il sentait encore les liens du sang les unir. Tant qu'il le sentait, alors ils auraient l'espoir de le retrouver.... C'est ce jour là d'ailleurs qu'il a retrouvé la flèche qu'il porte en toute circonstance à son cou, la pointe de flèche que son petit frère avait jalousement conservé toutes ces années. Pour rester dans le thèmes des horreurs, c'est leur « oncle  » qu'ils retrouvèrent quelque jours plus tard les entrailles impudiquement exposées suite à un seppuku réglementaire pour une âme esseulée. Quant à celui qui leur avait donné son nom, évaporé ...



La maison Ogasawara n'était plus un lieu pour lui et le seul frère, la seule famille qui lui restait. Les  jours étaient mornes, sans espoir et tous voué à la recherche du frère égaré. Chaque jour, une seule question se posait : mais où était-il bien passé ? Ce lien, aussi effacé soit-il existait bel et bien, alors pourquoi était-il aussi difficile de le tracer ? L'aîné et le cadet on bien dû faire deux ou trois fois le tour du Japon, en vain, leurs recherches restant encore et toujours cruellement infructueuses...

La seule satisfaction qui avait pu animer Kaname à l'époque fut d'un soir tomber presque par hasard celui qui avait osé les appeler ses enfants. Bien que peiné, encore il avait pratiqué et s'était perfectionné. L'autre allait s'en rappeler ... quoique, après le sort qu'il lui réservait, pas sûr qu'il s'en relèverait.... C'est le sourire charmeur et la démarche chaloupée qu'il avait apporté la mort à ses pieds. Des goules fraîchement relevées s'étaient délectée du corps vicié de ce père indigne. D'humeur généreuse, le nécromancien avait toutefois laissé la vie sauve à celle qui l'avait marié.  Un de perdu, dix de retrouvés....

S'en suivit alors de nouveau d'infructueuses années de recherche. Tatsuya semblant s'être bel et bien volatilisé... La seule  consolation pour les deux âmes qui avait erré dans le Japon d'Edo, c'était la réincarnation durement gagnée par Kaname qui par ses talents rares et soignés s’attirer le respect de hauts placés.



Katsumi et Kaname se baignent dans les bains privés de la respectée okāsan Kaori qui avait par ses belles prunelles fait s'en retourné plus d'un par le passé. Mais pour l'heure, c'était de ses attributs masculin qu'elle, ou plus il, jouissait. Rien ne prédisposait le sorcier à suivre pareille activité, si ce n'est son élégance et son goût pour le beau. Mais, en dehors de la voie du sorcier, il fallait bien s'occuper et tuer le temps lorsque l'on n'était pas disposé à étudier. Pour le nécromancien, se plonger dans une formation qui le mènerait à tant de fois parcourir le Hanamachi. C'est bien d'ailleurs la seule fois de sa vie où il a quitté sa vile natale....

Les années d’apprentissage avaient été longues et à la fois courtes, okāsan se plaignant du peu de temps dont elles disposaient pour polir un diamant brut. Mais la belle apprentie avait appris en l'espace de deux années ce que d'autres étudiaient en presque dix. Mais, en un rien de temps elle put se lier à sa oneesan et enfin porter le nom qu'elle lui avait choisi, Kaori. Aujourd'hui encore, son mizuage figure parmi les plus cher de l'histoire. Avec ce dernier, il avait pu rembourser en intégralité ses dettes liés à son apprentissage. Voilà comment la belle  était devenu l'atotori qui hériterai de l'ochaya un jour.

Et tout ceci était sans compter le danna  richissime de la belle créature à l'époque qui en avait fait une des geisha les plus respectées et influente. Bien évidement, les années sont passées et son charme s'est fané, Kaori héritant à la mort de sa « mère »  de l'ochaya, elle put finir son ascension sociale sous le regard fier de son protecteur. Un grand bienfaiteur de la maison d'ailleurs, qui n'aura jamais eu de cesse de lui répéter que c'était elle qu'il aurait du épouser. Si Kaname n'a encore jamais expérimenté l'amour même à ce jour, il doit bien reconnaître que cet homme influent et aux manières raffinées lui laisse encore aujourd'hui grand souvenir ...



Une nouvelle vie, une nouvelle époque. Kaname est depuis bien longtemps devenu un nom qu'on craint et que l'on respecte au sein du Matsushime-rengō. Toutefois, il faut se méfier de la folie des grandeur et prendre garde à ne pas se laisser trop aller.... Sous peine de perdre une certaine chose... Mais, pour cela Kaname allait devoir l'éprouver pour le comprendre. Après tout, n'est-ce pas dans la douleur que l'apprentissage se fait le mieux ?

C'était une froide, encore une fois, après-midi de décembre 1964. Le roux avait une affaire urgente à régler avec un client inconnu. Ne pas connaître son faciès et devoir tout de même le rencontrer ne l'enchantait guère. Mais, au vu du montant indécent de la commande, il lui était impossible de refuser cette demande. Et voilà que l'autre vampire empestant, malgré les siècles loin de l'autre, le chien galeux. Que pouvait-il bien pouvoir lui vouloir ?

On lui proposait une autre affaire, lui, ne pu se retenir de pêcher par orgueil et de parler un peu trop vite. Il faut dire que l'air furieux de l'autre valait le coup d’œil.... Il avait été bien trop tentant de remuer le couteau dans la plaie et de mentionner le canidé aux abonnés absent et l'odeur pestilentielle qu'il continuait de laisser sur Dong Lei. Quant au rapport entre les deux cousins affaiblis par l'amour... Cerise sur le gâteau comme dirait un certain Français. Mais.... Qui rit, rira bien bien le dernier et Kaname s'était retrouvé sans tête....  



À parler de vies qui se succèdent et de mort violente, l'on oublie celle qui a bercé plusieurs fois les existences de Kaname et Katsumi. S'éteindre misérablement en crevant de douleur, fort peu pour lui. Et, il ne veut en aucun cas réserver ce sort à la seule famille qui lui reste.... Voilà pourquoi avec les époques, le nécromancien a su produire un élixir de mort au goût suave et aux notes mortifères. Correctement réalisée, cette mixture, ce breuvage béni assure une mort douce et oublieuse dans un sommeil délirant.

Comme à leur habitude la centaine atteinte, les deux frères prennent leur dernier repas ensemble. Un banquet fastueux où les meilleurs mets se succèdent et où les meilleurs alcools coulent à flot. Après tout, lorsque l'on ne craint plus la mort, à quoi bon en faire un morne jour ? N'est-ce pas là la promesse d'une renaissance nouvelle ? Alors comme chaque fois depuis des siècles, ils se sustentent jusqu'à plus faim, boivent jusqu'à plus soif puis dansent jusqu'à plus d'énergie.

C'est alors que le verre final arrive, Kampaï ! Kaname se fait servir par Katsumi et Katsumi par Kaname. Les prunelles rivées dans celle de l'autre, c'est bien le seul moment grave de ces soirées à la saveur particulière. Ce n'est qu'ensuite qu'ils prennent le chemin de la chambre de l'aîné pour s'allonger l'un contre l'autre. On parle alors de tout, de rien... Surtout de rien l'alcool et le poison coulant dans leurs veines les empêchant de formuler des phrases trop intelligibles. La langueur et la torpeur finissent alors par se faire de plus en plus présentes, il est ainsi l'heure, de se dire : Oyasumi...



Dernière résurrection, son retour à la vie le plus compliqué en date en cet hiver 2014.... Son sang lui vrillait les tempes et son cou lui faisait mal malgré son nouveau corps glamouré. On lui annonce qu'il a passé un demi siècle dans les limbes, les lieurs, même les plus doués, ne parvenant pas à le ramener. Il faut dire que la dernière fin du nécromancien avait été particulièrement traumatisante, et ce aussi bien que pour son esprit que pour l'unité de son corps immatériel.  

Habituellement, l'on se lève et l'on marche, comme prêt à affronter une nouvelle journée après une bonne nuit de sommeil. Mais, pour Kaname, ce fut deux longues semaines à être alité qui l’attendaient. À choisir, en se rappelant du dernier caprice en date de Katsumi, il s'en serait bien passé. Une nouvelle lubie lui avait prit et il avait tué le temps en son absence voilà tout.... Amoureux et marié, et puis quoi encore. Enfin, ce n'est pas pour autant que les rapports de deux frères ne soient complètement apaisés aujourd'hui, mais le roux a bien mieux à faire que de pleurer une sorcière médiocre....

Il lui avait également fallu du temps pour écraser les quelques têtes qui s'étaient glissées trop près de la place qui est la sienne. De quoi se remettre en forme et à nouveau s'affûter... Mais cette dernière résurrection s'est  également accompagné d'une nouvelle corde à l'arc de celui très estimé. Un établissement contrôlé par ses soins servant grandement au blanchiment d'argent du gang. Pas d'idée ? Pourtant il est logique et tout à fait naturel de voir évoluer celui qui avait vibré en foulant les pavés de l'Hanamachi de rapporter un bout de cette époque aujourd'hui.Ses affaires prospèrent avec son ochaya et son école de geisha réputés, l'argent coulant à flot lui permettant de poursuivre son opulente existence en compagnie de son frère qui poursuit sur la voie de l'ingratitude.

Il y a quelques jours un chariot inversé est venu troubler sa vision. Lui qui a l'habitude de voir cette lame, il ne l'a guère appréciée en pareille position. L'on lui cherche bien souvent querelle et de nombreux bâtons se présentent sur son chemin, mais jamais il n'éprouvait de réelle difficulté. Il semblerait que cette vie risque d'être fort animée, voir, de causer sa perte....